Parfois quand on s’arrête le long
de la Mersey, on a la chance de voir le soleil apparaître et égayer la rive
opposée, toute de briques et de cheminées, habituellement plongée dans les
nuages. La Mersey, ce fleuve très large à la limite de l’embouchure dans la
mer, si trouble et si marron que les innombrables grues qui hérissent ses rives
comme des pattes de crabes-araignées n’osent même pas s’y refléter.
Dans les docks ou, quelquefois, en
centre-ville, on croise d’anciennes usines, de vieux entrepôts, en brique
autrefois rouge et aujourd’hui noircie, qui parfois, mais rarement, se
renouvellent, se réhabilitent, en ateliers d’artistes, en lieux d’exposition ou
de happenings. C’est un moyen de conserver l’histoire, de garder les fantômes
dans les murs.
Entrepôts géants près du fleuve |
Liverpool n’est pas une ville
fantôme. C’est une ville pleine de fantômes, ils y côtoient les vivants dans
une harmonie plus ou moins acceptée. Les spectres peuvent être humains, ou bien
faits de fonte et de pierre. Parfois, mais plus rarement, ils prennent la forme
de creux, de vides, de terrains vagues où se dressaient autrefois les édifices
cyclopéens qui fabriquaient, transformaient, stockaient, et employaient une quantité
insensée de petites mains. Carcasses pourrissantes de vieux ponts inutilisés,
masses silencieuses dressées face au fleuve, ce sont, à bien y regarder, des
monuments. On peut même dire des monuments historiques, qui résonnent des voix
des dockers, qui incarnent les coulisses effrayantes d'un rêve occidental aujourd'hui révolu.
A l'arrêt de bus |
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