En hommage à Rascar Capac, deux portions de globes, deux sphères incomplètes. Deux évocations des boules de cristal.
Il en reste cinq à retrouver, au fond d'un taxi, dans le bureau d'un respectable ornithologue, de la chambre d'un explorateur téméraire...
samedi 19 janvier 2013
Graffitis incongrus
D'autres graffitis, toujours plus déplacés, toujours insolites, voire dérangeants.
Un homme qui écrit "TUPUDUCUL" au couteau, puis le raye par remords, sur une pierre tombale, peut-il être foncièrement mauvais ?
On peut penser que l'outil de gravure utilisé fut un compas d'élève de cinquième.
Venez vous amuser et jouer une musique frivole, gaie, venez swinguer dans le plus joyeux des locaux, au Carrefour d'Animation des Expressions Musicales (C.A.E.M.). Près des canaux en friche du XIXè arrondissement, à Paris.
On aurait plutôt imaginer que l'association se nomme Carrefour d'Animation Musicale de l'Expression. la C.A.M.E., quoi.
Paris, Père-Lachaise |
On peut penser que l'outil de gravure utilisé fut un compas d'élève de cinquième.
Paris XIXè arrondissement |
On aurait plutôt imaginer que l'association se nomme Carrefour d'Animation Musicale de l'Expression. la C.A.M.E., quoi.
Grandes lignes verticales
L'angoissante ombre étalée dans un hall d'entrée de vieil immeuble...
Les barreaux sur la pierre nocturne renvoient, ou peuvent renvoyer, au déroutant drapé d'un rideau infini absorbant les longs rayons rectilignes...Au solide drapé des piliers crantés du Panthéon parisien...
Paris, XIXè arrondissement |
Les barreaux sur la pierre nocturne renvoient, ou peuvent renvoyer, au déroutant drapé d'un rideau infini absorbant les longs rayons rectilignes...Au solide drapé des piliers crantés du Panthéon parisien...
Diverses trames
mardi 15 janvier 2013
L'Hôtel Particulier
Avant d'être un épouvantail Gainsbarre pour chaînes de télé en manque de trash dans une décennie qui n'avait pourtant pas besoin de ça...Avant les billets cramés et autres provocations terminales...Lucien Ginzburg accomplit des oeuvres que l'on peut qualifier de considérables, et pas seulement de lapin.
Dont, bien sûr, L'Histoire de Melody Nelson, orchestrée par Jean-Claude Vanier. Qui comporte, entre autres bijoux sombres, cette mémorable déambulation dans une maison close baroque, avec décorations rococos et cris de plaisir de Jane-Melody : "L’Hôtel Particulier". Dont voici une modeste tentative de mise en images...
Dont, bien sûr, L'Histoire de Melody Nelson, orchestrée par Jean-Claude Vanier. Qui comporte, entre autres bijoux sombres, cette mémorable déambulation dans une maison close baroque, avec décorations rococos et cris de plaisir de Jane-Melody : "L’Hôtel Particulier". Dont voici une modeste tentative de mise en images...
"Des escaliers, des couloirs sans fin se succèdent
Décorés de bronzes baroques, d'anges dorés,
D'Aphrodites et de Salomés."
Décorés de bronzes baroques, d'anges dorés,
D'Aphrodites et de Salomés."
"S'il est libre, dites que vous voulez le quarante-quatre
C'est la chambre qu'ils appellent ici de Cléopâtre"
C'est la chambre qu'ils appellent ici de Cléopâtre"
"Dont les colonnes du lit de style rococo
Sont des nègres portant des flambeaux."
Sont des nègres portant des flambeaux."
Bureaux oubliés
Ex-Bâtiment E - bureaux déserts |
Ces locaux de travail étaient situés dans des méandres de la Gare de Lyon, à Paris, à l'entresol d'un bâtiment démoli en juillet 2010. Les photos furent prises en juin après le déménagement définitif des services de reprographie qui s'y trouvaient.
Dans le plus pur style sinistre des années 1970, des éléments anciens de menuiserie du début du siècle y côtoyaient sans vergogne des peintures de mur crasseuses, du sol en résine à petits motifs triangulaires, et du faux-plafond démontable à effet sableux.
Des mérites des dalles de faux-plafond |
C'était le midi et la peinture délavée des murs s'était rehaussée sous l'effet des rais indirects du soleil filtrés par les fenêtres sales, donnant une jolie lumière jaune orangée. Une couleur de crème anglaise.
Ces anciens espaces de travail méritaient-ils quelques vers émouvants ? Certainement !
Gris faux-plafonds
Tubes à néon
Odeur de mort
Moquette Confort.
Dans le bureau
Néons, rideaux
Femme de ménage
Collègues volages
Fines allusions
Actualité :
Nous devisons
En pause-café
Bureaux marron
Stores en alu
Belle réunion
Doigts dans le cul
samedi 5 janvier 2013
Paris, la douzième brume
Enième errance dans le douzième arrondissement, à Paris.
A la tombée du jour, accompagné de pluie ; des reflets, des halos de lumière au milieu de l'ombre, comme des mirages : l'épicier, le cordonnier, le sex-shop, le marchand d'armes de la rue de Lyon, sont comme des terres promises pour celui qui cherche à assouvir ses désirs plus ou moins avouables.
Le long de la rue de Lyon, si l'on cherche des peep-shows à bas prix, des fusils, de vieilles semelles de mocassins, des paquets de Pringles, des DVD porno, des packs de Heineken ou des couteaux de chasse, il y aura toujours une échoppe éclairée prête à accueillir les "oiseaux de nuit" de passage.
(photos réalisées avec l'aide de la pluie battante, de Edward Hopper, et d'un filtre Cokin "spot rehausseur de couleurs chaudes")
A la tombée du jour, accompagné de pluie ; des reflets, des halos de lumière au milieu de l'ombre, comme des mirages : l'épicier, le cordonnier, le sex-shop, le marchand d'armes de la rue de Lyon, sont comme des terres promises pour celui qui cherche à assouvir ses désirs plus ou moins avouables.
Le long de la rue de Lyon, si l'on cherche des peep-shows à bas prix, des fusils, de vieilles semelles de mocassins, des paquets de Pringles, des DVD porno, des packs de Heineken ou des couteaux de chasse, il y aura toujours une échoppe éclairée prête à accueillir les "oiseaux de nuit" de passage.
Nighthawks in a shoe repairing store |
Nighthawks in a gun store |
(photos réalisées avec l'aide de la pluie battante, de Edward Hopper, et d'un filtre Cokin "spot rehausseur de couleurs chaudes")
Publié par
Dr Gonzo
Référencé dans :
glauque,
Paris,
pays de l'or noir
mercredi 2 janvier 2013
A Liverpool 4/4
Aujourd’hui ce sont les mouettes,
énormes et dangereuses par leur guano largué intempestivement, qui font la loi
dans ces quartiers aux abords du centre-ville. Parfois aussi, au fin fond d’une
allée déserte, s’élèvent des voix, celles d’un pub qui a vaillamment résisté et
décidé de rester là. On pense au « Roi Peste » d’Edgar Poe, où deux
marins égarés dans un quartier ravagé par une épidémie de peste pénètre dans
une taverne éclairée, où sont réunis des êtres damnés, tous plus grotesques et
effrayants les uns que les autres…
Ouvrage étrange, un pont levant-pavillon-péage mobile... |
Aujourd’hui, aujourd'hui, au milieu de cette
décadence, mélange étrange d’intemporalité (les vestiges toujours debout,
toujours inquiétants) et de fragilité (combien d’années avant que ces ruines ne
soient mises à terre pour construire de petits quartiers neufs et sans âmes,
des rangées d’immeubles bas et mornes ?), le moins que l’on puisse faire,
c’est d’en faire quelques photos, pour se souvenir d’une époque pas rose.
Façade de brique sans carreaux cassés, détail |
A Liverpool 3/4
Parfois quand on s’arrête le long
de la Mersey, on a la chance de voir le soleil apparaître et égayer la rive
opposée, toute de briques et de cheminées, habituellement plongée dans les
nuages. La Mersey, ce fleuve très large à la limite de l’embouchure dans la
mer, si trouble et si marron que les innombrables grues qui hérissent ses rives
comme des pattes de crabes-araignées n’osent même pas s’y refléter.
Dans les docks ou, quelquefois, en
centre-ville, on croise d’anciennes usines, de vieux entrepôts, en brique
autrefois rouge et aujourd’hui noircie, qui parfois, mais rarement, se
renouvellent, se réhabilitent, en ateliers d’artistes, en lieux d’exposition ou
de happenings. C’est un moyen de conserver l’histoire, de garder les fantômes
dans les murs.
Entrepôts géants près du fleuve |
Liverpool n’est pas une ville
fantôme. C’est une ville pleine de fantômes, ils y côtoient les vivants dans
une harmonie plus ou moins acceptée. Les spectres peuvent être humains, ou bien
faits de fonte et de pierre. Parfois, mais plus rarement, ils prennent la forme
de creux, de vides, de terrains vagues où se dressaient autrefois les édifices
cyclopéens qui fabriquaient, transformaient, stockaient, et employaient une quantité
insensée de petites mains. Carcasses pourrissantes de vieux ponts inutilisés,
masses silencieuses dressées face au fleuve, ce sont, à bien y regarder, des
monuments. On peut même dire des monuments historiques, qui résonnent des voix
des dockers, qui incarnent les coulisses effrayantes d'un rêve occidental aujourd'hui révolu.
A l'arrêt de bus |
A Liverpool 2/4
En plus des autres symboles de la
2è révolution industrielle, Liverpool a une histoire, plus ancienne et tout
aussi réjouissante, de principal port d’arrivée des esclaves africains en
Europe. Ça ajoute au poids de l’histoire dans la ville, et à son potentiel d’exploitation
du genre humain : esclaves, prolétaires, tout y passe.
Pourtant, sur ces
amoncellements de destins brisés et de vies concassées par les rouages de la
machine occidentale prête à tout pour son bonheur, au milieu de cette galerie
de fantômes et de ruines, un bon nombre d’autochtones ont bravé la pluie et le
spleen pour produire de la joie, de l’espoir, de l’harmonie…Pour n’en citer que
quatre, John, Paul, Ringo et George, dont les vestiges sont toujours debout, en
banlieue liverpudlienne. Pas de grappes de touristes, un type qui de temps en
temps s’arrête, prends une photo, et repart, le regard rêveur. Les locals ne semblent pas faire gaffe qu’ils
vivent littéralement dans une chanson des Beatles, et c’est très bien comme ça.
Graffitis hommages sur la devanture des Strawberry Fields, en banlieue de Liverpool |
Détail du portail du square "Strawberry Fields", lieu de refuge du jeune Lennon |
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