mardi 28 mai 2013

Gisants sous le soleil


Trois Frères Unys...
Trois licornes de conferve voguant au soleil de midi parleront. 

Car c'est de la lumière que 
Viendra la lumière. Et resplendirra...

la croix de l'Aigle

Apocalypse Demain - Dr GonzoApocalypse Demain - Dr Gonzo

 
 Les gisants dorment sous le soleil froid des vitrails médiévaux. Ils les réchauffent doucement.

La défunte courtisane orientale a succombé sous les volutes d'opium ; son turban devient lâche, les riches velours de sa couche s'affaissent. Les sévères motifs géométriques de sa dernière demeure poseront sur elle un œil rigoriste pour s'assurer qu'elle ne s'éloigne plus jamais du droit chemin de la vertu.



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Le chevalier de Hadoque, lui, prend la pose. Nostalgique, le rougeoiement du crépuscule du soir à travers les motifs aux couleurs créoles lui rappelle ses exploits en mer des Caraïbes...

Jardin d'hiver


Apocalypse Demain Dr Gonzo
Vu à la Tête d'Or, après-midi brumeux...


 Des ombres malfaisantes se dessinent derrière les vitres crasseuses des grandes serres.


Apocalypse Demain Dr Gonzo
Le sanatorium des tortues abandonnées se mue, au cours de l'hiver, en cimetière de carapaces.


samedi 18 mai 2013

Bac à sable

Un chantier démentiel démarre à l'aube. C'est la vieille rengaine, le combat Homme vs Nature : les pelleteuses contre les sables mouvants.

Construction de l'ouvrage de liaison entre le Mont St-Michel et la terre ferme.

Apocalypse demain - Dr Gonzo
Un râteau, une pelle, et un bac à sable, seule la taille a changé : on est resté comme des gamins, en version mégalo.

Impressions du XIIè


Vu d'en haut, au petit matin,
Vu des quais de la Seine, de nuit.

Visions ferrées du XIIè arrondissement.

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jeudi 9 mai 2013

Cactus lyonnais

Ces cactus français, lyonnais même, sont piégés dans les hautes serres du Parc de la Tête d'Or.


Apocalypse Demain - Dr GonzoApocalypse Demain - Dr Gonzo

Apocalypse Demain - Dr Gonzo

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Effets visuels avec filtres Cokin - ni Instagram ni retouche

D'autres cactus ici :
cactus domestiques : http://apocalypsedemain.blogspot.fr/2012/11/cactus.html
cactus californiens : http://apocalypsedemain.blogspot.fr/2013/05/cactus-du-desert-de-mojave.html

Cactus du désert de Mojave

Des cactus partout, et ça commence aux Etats-Unis, en Californie, entre San Diego et le désert Mojave.

Apocalypse Demain - dr gonzoApocalypse Demain - dr gonzo

Joshua Trees et cactus "queues de castor", en couleur et noir et blanc.

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D'autres cactus, domestiques, vous attendent ici :
 http://apocalypsedemain.blogspot.fr/2012/11/cactus.html

mercredi 8 mai 2013

Passage Choiseul

Le Passage Choiseul dans le IIè arrondissement de Paris fut terminé en 1827. Il est aujourd'hui en semi-abandon, il vivote. Ouvert de neuf à vingt heures, voilà tout.

Au pic de son activité, il était rempli de magasins et de logements, et surtout, entre les deux Expositions Universelles, un petit jeunot y demeura avec ses parents commerçants. Le petit Louis-Ferdinand Destouches devait se souvenir de ce qu'il y avait vu, de la misère humaine et de l'envers du décor du Paris de la Belle Epoque. Dans Mort à Crédit, c'est rebaptisé "Passage des Bérésinas", et à en croire son verbe bondissant et obscène, cette petite rue couverte condensait à elle seule toute la bassesse, la pauvreté cachée et la saleté qui présidait en ces temps clinquants en façade.

Apocalypse Demain - Dr Gonzo




Les mots de Céline sont si pleins de bruit et de fureur qu'ils se passent de tout commentaire. Suffit de lire ; ça peut vous rester sur l'estomac quand on a pas l'habitude, mais rapidement on s'habitue, et on se délecte. Ca a des airs de revenez-y, cette plongée en enfer, avec force détails répugnants, scatologiques...Et en prime, on trouve toujours au milieu des saillies délirantes, ces pépites, des traits de plume définitifs qui volent haut, si haut, comme pour tenir la fange à distance le temps d'une phrase...

« Il faut avouer que le Passage, c’est pas croyable comme croupissure. C’est fait pour qu’on crève, lentement mais à coup sûr, entre l’urine des petits clebs, la crotte, les glaviots, le gaz qui fuit. C’est plus infect qu’un dedans de prison. Sous le vitrail, en bas, le soleil arrive si moche qu’on l’éclipse avec une bougie. Tout le monde s’est mis à suffoquer. Le Passage devenait conscient de son ignoble asphyxie !...On ne parlait plus que de campagnes, de monts, de vallées, de merveilles… »

Apocalypse Demain - Dr GonzoApocalypse Demain - Dr Gonzo

« Fallait se méfier du vol et de la casse, les rogatons c’est fragile. J’ai défiguré sans le faire exprès des tonnes de camelote. L’antique ça m’écœure encore, c’est de ça pourtant qu’on bouffait. C’est triste les raclures du temps…C’est infect, c’est moche. »

« Papa, il en dormait plus. Son cauchemar c’était le nettoyage du carré devant notre boutique, les dalles qu’il fallait qu’il rince tous les matins avant de partir au bureau.
Il sortait avec son seau, son balai, sa toile et en plus la petite truelle qui servait pour les étrons, à glisser dessous, les faire sauter dans la sciure. C’était la pire avanie pour un homme de son instruction. Des étrons, il en venait toujours davantage, et bien plus devant chez nous qu’ailleurs, en large comme en long. C’était sûrement un complot. »
 
Apocalypse Demain - Dr Gonzo

« Soudain, [au Passage], on a découvert que tout le monde était « pâlot ». On se refilait des conseils entre boutiques et magasins. On ne pensait plus que par microbes et aux désastres de l’infection. Les mômes ils l’ont sentie passer la sollicitude des familles. Il a fallu qu’ils se la tapent, l’Huile de Foie de Morue, renforcée, à redoublements, par bonbonnes et par citernes. Franchement ça faisait pas grand-chose…Ça leur donnait des renvois. Ils en devenaient encore plus verts, déjà qu’ils tenaient pas en l’air, l’huile leur coupait toute la faim. »

Apocalypse Demain - Dr Gonzo
Marionnettes flippantes semblant avertir d'un danger qui rôde




Apocalypse Demain - Dr Gonzo
Avant des becs de gaz, maintenant lampions façon fête foraine

« Souvent, j’en croise, des indignés qui [la] ramènent…C’est que des pauvres culs coincés…Des petits potes, des ratés jouisseurs…C’est de la révolte d’enfiltré…C’est pas payé, c’est gratuit…Des vraies godilles…
Ça vient de nulle part…Du lycée, peut-être…C’est de la parlouille, c’est du vent. La vraie haine, elle vient du fond, elle vient de la jeunesse, perdue au boulot sans défense. Alors celle-là qu’on en crève. Y aura encore si profond qu’il en restera tout de même partout. Il en jutera assez pour qu’elle empoisonne, qu’il pousse plus dessous que des vacheries, entre des morts, entre les hommes. »

Louis-Ferdinand Céline - Mort à Crédit - 1936

lundi 6 mai 2013

Les fanatiques

En 2010, à un concours de groupes de rock, au Trabendo, à Paris XIXè.

Un tremplin rock. Ils sont jeunes, se déchaînent, ils applaudissent leurs camarades de classe - héros d'un soir.
Apocalypse demain - Dr Gonzo
Oui, mon idole, je te veux !

Apocalypse demain - Dr GonzoApocalypse demain - Dr Gonzo
 Les fans, cela peut aussi être : 
1 - un ectoplasme tout droit sorti d'un tableau relativement connu de Münch ; 
2 - ou bien un vampire albinos prêt à vider le guitariste de son plasma



Apocalypse demain - Dr Gonzo

dimanche 5 mai 2013

Salk Institute - San Diego

Mise à jour du 05/09/2013 - Cette chronique vient d'être publiée dans le n°131 du Courrier de l'Architecte :
http://www.lecourrierdelarchitecte.com/article_4780



En route vers la West Coast, j’ai suivi le conseil d’un connaisseur : n’aller sous aucun prétexte à San Diego sans passer admirer le « Salk Institute for Biological Research », conçu par Louis Kahn (1963). Selon certains, il vaut à lui seul le billet d’avion pour la Californie.

Salk Institute-Louis Kahn-La Jolla-San Diego-concrete-DrGonzo-apocalypse-demain
Dire que le Salk Institute est dans un écrin de nature est un euphémisme : entouré de verdure et de massifs fleuris, à flanc de falaises mouillées par les eaux turquoise du Pacifique, c’est après une route côtière sinueuse, à La Jolla, qu’il surgit.  
 

Intimidant, austère, le bâtiment impressionne par ses énormes volumes de béton brut. Est-ce un monument ? Un temple dévolu à une quelconque divinité du « concrete » ? Une des premières impressions : on a déjà vu des mausolées moins lugubres que cet édifice cyclopéen. Cependant, il faut reconnaître aux symétries, aux rythmes des trames, aux volumes qui se répètent, une harmonie certaine dans la monumentalité. Les jeux du soleil sur les faces des volumes créent un jeu d’ombres renforçant les lignes de fuite.
 
Salk Institute-Louis Kahn-La Jolla-San Diego-concrete-DrGonzo-apocalypse-demainSalk Institute-Louis Kahn-La Jolla-San Diego-concrete-DrGonzo-apocalypse-demain
Ma visite se cantonna aux abords de l’Institut, fermé ce jour-là. Naïvement, j’imaginai que comme nombre d’ouvrages contemporains, la simplicité des extérieurs était compensée par des espaces fonctionnels, lumineux, facilitant le dialogue entre chercheurs… Las : je lus plus tard que les principes qui avait présidé à la composition des intérieurs « ne fonctionnaient pas comme prévu dans la pratique ».
 
En fin de compte, lorsque je m’interrogeai sur ce qui différenciait cet ouvrage incontournable de l’architecture du XXème siècle d’un banal pâté de béton tel qu’il en fleurit des myriades dans les décennies suivantes, les arguments se firent courts. Ce fut le premier ? Le droit d’aînesse est un argument un peu faible… Fonctionnel ? Apparemment non, malgré des théories « en béton ».
La symétrie, la ligne claire, le brutalisme, le révélateur par contraste de la nature environnante ; ces qualités ne semblent pas en faire un bâtiment si différent du campus universitaire qui se situe de l’autre côté de la route… 
 


Salk Institute-Louis Kahn-La Jolla-San Diego-concrete-DrGonzo-apocalypse-demain
 

Cependant, en plus de son élégante sobriété, il est possible d’apprécier le Salk Institute pour ce frisson de deviner sous la simplicité du trait, une foule de symboles muets et de références cachées aux profanes. Convoquons tonton Charles : « C’est une pyramide, un immense caveau(… )». En un mot : nous autres, non-architectes, pouvons considérer le Salk Institute comme l’Homme craint le monolithe dans 2001, Odyssée de l’espace.

Salk Institute-Louis Kahn-La Jolla-San Diego-concrete-DrGonzo-apocalypse-demain

Pas encore marre du béton ? Une autre chronique ici, à Londres :
http://apocalypsedemain.blogspot.fr/2012/11/an-afternoon-at-royal-national-theatre.html 

lundi 29 avril 2013

Promenons-nous

L'Office National des Forêts, des Etangs, Cours d'Eau et des Verdures en tout genre est fier de vous présenter :


forest
Les apaches des sous-bois

forest
Les chaperons rouges de l'ère numérique
forest
The long and not winding road

lundi 22 avril 2013

Graffitis, tranches de vie

Suite de précédents posts :
ici, des graffitis insolites
là, d'autres encore
par là, certains autres tags


Comment ne pas rendre hommage à une porte de toilettes qui porte sur elle des messages aussi profonds que :

"Sarko césar [censuré]"
"Témoins de Jéhovah, quittez la Corse !"

Des requêtes aussi touchantes que :
"Recherche couples, première expérience bienvenue"

Le tout bardé de signatures aussi rageuses que personnalisées...Bogoss du 10è, Peter Pan, Gazoil, recevez ici nos hommages anonymes.

Parc Monceau WC

dimanche 21 avril 2013

Farandole des atrocités




Avec les beaux jours, tant attendus des coiffeuses et des météorologues, revient l’étalage de paires de fesses et le catalogue de vulgarités en tous genres.

On se montre, on s’étale, alanguis, sur les bancs publics, les graisses superflues ressortent des débardeurs trop courts. On rit aux éclats, on sue, les fronts ruissellent et les aisselles exhalent les doux parfums d’un printemps torride. Les gosses étalent du chocolat sur les sièges du RER et le manque d’hygiène des cadres stressés se fait d’autant plus ressentir que la température augmente.
Afin de nous préparer à la parade des disgrâces, rappelons-nous de ce quinze août parisien, et sa parade des monstres.



Pétanqueurs roulant des mécaniques, bedaines en avant…

Prêtres en transe traversant le boulevard Saint-Michel en une procession nimbée d’un halo d’encens, à quelques mètres d’un jeune gothique en dentelles venu jeter des sorts au parvis de Notre-dame de Paris.
 

Lance Armstrong en sandales allemandes était même venu avec son petit orchestre, jouer d’une guitare empruntée à Blind Lemon Jefferson.





Les rides des vieilles mendiantes se creusent en d’impressionnants sillons sous l’effet du soleil de plomb. Dans leurs nippes raidies de saleté, les bouillons de culture prolifèrent. Bain-marie.



 Finissons par un peu de poésie :

"Quand les beaux jours reviennent"


Les fronts luisants, aisselles moites,
Odeurs de pied dans les transports…
Où est l’hiver, l’atmosphère d’ouate
Vitale distance entre les corps ?

Cette cagole, son fond de teint coule
Sur la barre centrale de la rame.
Des enfants, tout débraillés, roulent
Entre les cuisses nues d’une dame.

Un homme sur moi essuie ses doigts
Collants du croissant du matin.
Je peux détailler ses repas
Sur sa chemise froissée en lin.

Encore un jour de vil printemps
Sa parade des goûts mauvais.
Atrocités, mamelles au vent…
De l’Antarctique je rêvais.

Oui je rêvais de l’Antarctique
Femmes de glace dans le blizzard,
Froideur stérile de clinique
Et blancheur de laboratoire.

Abandonné sur la banquise
J’aurais pu me laisser aller
Espérant la chaleur exquise
Rêver de fleurs, de thé glacé…

Las ! Point de bouquets de narcisses
Ni de gazouillis de moineaux !
Les strings défilent, mes yeux se plissent
Sans cesse assaillis de vents chauds.

Soleil prié, tant attendu
Tu fais fondre les blocs de graisse.
Vois à quoi nous en sommes rendus :
Fuir l’étalage des paires de fesses !