dimanche 21 avril 2013

Farandole des atrocités




Avec les beaux jours, tant attendus des coiffeuses et des météorologues, revient l’étalage de paires de fesses et le catalogue de vulgarités en tous genres.

On se montre, on s’étale, alanguis, sur les bancs publics, les graisses superflues ressortent des débardeurs trop courts. On rit aux éclats, on sue, les fronts ruissellent et les aisselles exhalent les doux parfums d’un printemps torride. Les gosses étalent du chocolat sur les sièges du RER et le manque d’hygiène des cadres stressés se fait d’autant plus ressentir que la température augmente.
Afin de nous préparer à la parade des disgrâces, rappelons-nous de ce quinze août parisien, et sa parade des monstres.



Pétanqueurs roulant des mécaniques, bedaines en avant…

Prêtres en transe traversant le boulevard Saint-Michel en une procession nimbée d’un halo d’encens, à quelques mètres d’un jeune gothique en dentelles venu jeter des sorts au parvis de Notre-dame de Paris.
 

Lance Armstrong en sandales allemandes était même venu avec son petit orchestre, jouer d’une guitare empruntée à Blind Lemon Jefferson.





Les rides des vieilles mendiantes se creusent en d’impressionnants sillons sous l’effet du soleil de plomb. Dans leurs nippes raidies de saleté, les bouillons de culture prolifèrent. Bain-marie.



 Finissons par un peu de poésie :

"Quand les beaux jours reviennent"


Les fronts luisants, aisselles moites,
Odeurs de pied dans les transports…
Où est l’hiver, l’atmosphère d’ouate
Vitale distance entre les corps ?

Cette cagole, son fond de teint coule
Sur la barre centrale de la rame.
Des enfants, tout débraillés, roulent
Entre les cuisses nues d’une dame.

Un homme sur moi essuie ses doigts
Collants du croissant du matin.
Je peux détailler ses repas
Sur sa chemise froissée en lin.

Encore un jour de vil printemps
Sa parade des goûts mauvais.
Atrocités, mamelles au vent…
De l’Antarctique je rêvais.

Oui je rêvais de l’Antarctique
Femmes de glace dans le blizzard,
Froideur stérile de clinique
Et blancheur de laboratoire.

Abandonné sur la banquise
J’aurais pu me laisser aller
Espérant la chaleur exquise
Rêver de fleurs, de thé glacé…

Las ! Point de bouquets de narcisses
Ni de gazouillis de moineaux !
Les strings défilent, mes yeux se plissent
Sans cesse assaillis de vents chauds.

Soleil prié, tant attendu
Tu fais fondre les blocs de graisse.
Vois à quoi nous en sommes rendus :
Fuir l’étalage des paires de fesses !

2 commentaires:

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