Il y a, autour, la jolie petite
boulangerie avec ses jolies boulangères niaises ; la maison du photographe
à la façade art-déco ; la mairie néo-normande du début du XXè siècle,
briques et meulière, gerbes de fleurs autour du monument au mort ; il y a,
enfin, la brasserie qui rappelle le Paris tout proche, et les nouvelles
constructions qui singent le hausmannien, toitures inclinées en zinc, rainures
dans le béton pour imiter les séparations de pierre de taille et balcons forgés
alignés, bien comme il faut pour les bourgeois soucieux d’investir mais
réticent à trop d’audace architecturale. Le post-moderne, c’est bon pour les
artistes et les bachi-bouzouks, rigolent-ils autour d’un apéro dinatoire.
Et, donc, au milieu de cette
joliesse parfois authentique, parfois pastichée, reste le vieil étron de la rue
commerçante, avec son traiteur aux rideaux kitschs descendus pour toujours. Sa
vitrine sert à placarder des affiches pour la prochaine brocante du Lions Club,
le dernier album de Tunisiano ou des petites annonces de ménage. A la grande
époque, le patron avait fait peindre sur la devanture un petit cochon, Naf-Naf
vraisemblablement (il est vêtu de bleu, comme un maçon ; et puis c’est
écrit sur ses fesses). L’ultime anthropomorphisme du porcelet tout heureux de
se faire découper chez son charcutier favori, avec du persil dans le nez !
A la vérité ce traiteur abandonné, ce vieux boucher rappelle furieusement les faubourgs d’il y a un demi-siècle, un siècle, les quartiers populaires juste au-dessus de la misère, ceux que Doisneau a tenté de magnifier et que Céline a dépeint dans tout leur dépouillement sordide. « Quand on habite à Drancy, on ne se rend même plus compte qu’on est triste ». Le juste milieu, ni romantique ni infernal, ces cours des Miracles peuplées d’escrocs salaces, de vieux dégueulasses et de blanches colombes, c’est peut-être l’ami Georges qui l’a le mieux dépeint, par exemple dans « La Princesse Et le Croque-Notes », ou mieux encore, « Le Bistrot » dont les paroles sont reproduites en fin d'article.
C’est un vieux reste de cette époque qui
subsiste au cœur du petit centre commerçant mignon. La grosse verrue subsiste
certainement à la grâce de quelque propriétaire acharné que la Mairie n’arrive
pas à exproprier. Quand, enfin, des pelleteuses mettront par terre le traiteur-charcutier
du « Bec Fin », personne ne pourra être sérieusement déçu. Bof ;
personne ne peut avancer que c’était mieux avant. Au moins restera-t-il ces
quelques photos, témoignage d’un passé peu glorieux.
Mais…Après tout…Personne n’a dit
qu’on ne devait se rappeler que des joyeuses visions de jeunes filles
tournicotant dans leurs jupons de tulle blanc immaculés dans les rayons du
soleil de printemps au milieu de la verdure parsemée de la rosée virginale du
matin annonciateur de promesses glorieuses d’éternité bla-bla-bla ?
Si ? On n’a droit qu’aux bons souvenirs ?
Dans un coin pourri
Du pauvre Paris,
Sur un' place,
L'est un vieux bistrot
Tenu pas un gros
Dégueulasse.
Si t'as le bec fin,
S'il te faut du vin
D' première classe,
Va boire à Passy,
Le nectar d'ici
Te dépasse.
Mais si t'as l' gosier
Qu'une armure d'acier
Matelasse,
Goûte à ce velours,
Ce petit bleu lourd
De menaces.
Tu trouveras là
La fin' fleur de la
Populace,
Tous les marmiteux,
Les calamiteux,
De la place.
Qui viennent en rang,
Comme les harengs,
Voir en face
La belle du bistrot,
La femme à ce gros
Dégueulasse.
Que je boive à fond
L'eau de toutes les fon-
taines Wallace,
Si, dès aujourd'hui,
Tu n'es pas séduit
Par la grâce.
De cette joli' fée
Qui, d'un bouge, a fait
Un palace.
Avec ses appas,
Du haut jusqu'en bas,
Bien en place.
Ces trésors exquis,
Qui les embrasse, qui
Les enlace ?
Vraiment, c'en est trop !
Tout ça pour ce gros
Dégueulasse !
C'est injuste et fou,
Mais que voulez-vous
Qu'on y fasse ?
L'amour se fait vieux,
Il a plus les yeux
Bien en face.
Si tu fais ta cour,
Tâche que tes discours
Ne l'agacent.
Sois poli, mon gars,
Pas de geste ou ga-
re à la casse.
Car sa main qui claque,
Punit d'un flic-flac
Les audaces.
Certes, il n'est pas né
Qui mettra le nez
Dans sa tasse.
Pas né, le chanceux
Qui dégèlera ce
Bloc de glace.
Qui fera dans l' dos
Les corne' à ce gros
Dégueulasse.
Dans un coin pourri
Du pauvre Paris,
Sur un' place,
Une espèce de fée,
D'un vieux bouge, a fait
Un palace.
Du pauvre Paris,
Sur un' place,
L'est un vieux bistrot
Tenu pas un gros
Dégueulasse.
Si t'as le bec fin,
S'il te faut du vin
D' première classe,
Va boire à Passy,
Le nectar d'ici
Te dépasse.
Mais si t'as l' gosier
Qu'une armure d'acier
Matelasse,
Goûte à ce velours,
Ce petit bleu lourd
De menaces.
Tu trouveras là
La fin' fleur de la
Populace,
Tous les marmiteux,
Les calamiteux,
De la place.
Qui viennent en rang,
Comme les harengs,
Voir en face
La belle du bistrot,
La femme à ce gros
Dégueulasse.
Que je boive à fond
L'eau de toutes les fon-
taines Wallace,
Si, dès aujourd'hui,
Tu n'es pas séduit
Par la grâce.
De cette joli' fée
Qui, d'un bouge, a fait
Un palace.
Avec ses appas,
Du haut jusqu'en bas,
Bien en place.
Ces trésors exquis,
Qui les embrasse, qui
Les enlace ?
Vraiment, c'en est trop !
Tout ça pour ce gros
Dégueulasse !
C'est injuste et fou,
Mais que voulez-vous
Qu'on y fasse ?
L'amour se fait vieux,
Il a plus les yeux
Bien en face.
Si tu fais ta cour,
Tâche que tes discours
Ne l'agacent.
Sois poli, mon gars,
Pas de geste ou ga-
re à la casse.
Car sa main qui claque,
Punit d'un flic-flac
Les audaces.
Certes, il n'est pas né
Qui mettra le nez
Dans sa tasse.
Pas né, le chanceux
Qui dégèlera ce
Bloc de glace.
Qui fera dans l' dos
Les corne' à ce gros
Dégueulasse.
Dans un coin pourri
Du pauvre Paris,
Sur un' place,
Une espèce de fée,
D'un vieux bouge, a fait
Un palace.
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