Je trouvais que Lana, depuis son passage dans les affiches 4x3 des panneaux de publicité, où elle affichait sa moue over-lippue pour vendre des fringues de prêt-à-porter vintage que même la Bardot renierait, je trouvais donc que Lana était allé trop loin.
Pas tout le monde.
Que ceux qui croient toujours en Lana Del Rey, celle qui reprit le flambeau de Bret Easton Ellis pour incarner à mort la déprime californienne, le spleen de la richesse blasée et des couchers de soleil trop beaux qui annoncent forcément l'automne, que ceux pour qui Lana est toujours cette évanescence vulgaire, cette superficialité poussée à l'extrême qui pousse plus ou moins en nous tous, enfants du monde occidental, ceux qui cherchaient une autre bande originale à "Somewhere" de Sofia Coppola, trouvent ici un refuge, avec cette ode originale à la choucroute humaine.
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Indian Summer |
Les alexandrins sont de Romain Queuche ; les photos qui l'illustrent sont du Dr Gonzo, images prises à travers un ou deux filtres Cokin sur une plage normande en octobre, aux derniers beaux jours.
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Tour de garde sur la plage |
Ode à Lana
Essence du post-moderne, icône américaine,
Pur produit marketé, sirène vintage, et reine
Des paradis factices. Elle a mon age a peine.
Pin-up vulgaire, parfaite, d'H&M égérie
De la génération Y allégorie,
Ses langoureuses ballades sont nos hymnes pourris.
Enfant de Marilyn et James Dean, sa beauté,
Artificielle et lisse comme ses nappes de synthé,
De nymphette bionique le souffle m'a ôté.
Sa voix suave et douce rassure comme celle d'une mère,
Ses refrains envoûtants hypnotisent l'univers,
Cendrillon galactique en pantoufles de verre!
Et quand la fin viendra, et quand le Grand Camard
Sera la devant moi, je mettrai au placard
Mes vieux rêves de Dvorak, Ludwig Van et Mozart :
Pour une apocalypse à nulle autre pareille,
Je ne veux que sa bouche, sa voix dans mes oreilles.
A nous ténèbres, adieu le monde, adieu Lana Del Rey.
Le morbide n'est jamais loin des vagues